Biographie
Je m’appelle Gordon Sparks. La mère de mon clan est le castor, l’ours, né de la rivière de la Tortue, son animal spirituel et le saumon son totem. J’ai grandi dans la Première Nation de Pabineau et je vis à présent à Rough Waters, au Nouveau-Brunswick. À travers le masque traditionnel en bois sculpté à la main, je suis sur un chemin de vision qui guide mon esprit, mon corps et mon âme à la recherche de la connaissance et de la sagesse des histoires, des cérémonies, de la nourriture et de la médecine des Mi’kmaq. Chaque masque que je fabrique est issu de l’histoire de ma vie et des peuples du Mi’kma’ki. Chaque masque possède une histoire personnelle sur la façon dont j’ai été guidé pour trouver l’arbre, prendre sa vie, sculpter l’esprit dans le bois pour que chacun puisse le voir et écouter ce qu’il a à dire aux oreilles qui ont besoin de l’entendre. La vision qui m’a été donnée guide ma passion et mon désir de consigner le passé et le présent sous une forme en trois dimensions. Je crois fermement au masque traditionnel en bois sculpté à la main, aux récits et aux cérémonies traditionnelles. Chaque masque me parle, me guide, et chaque arbre choisi me dit de sculpter l’esprit de nos ancêtres et les histoires de ceux et celles qui nous donnent la vie et la protègent ici même dans le Mi’kma’ki, pour le montrer à tous les peuples de la terre. En fin de compte, les esprits des arbres parlent de mon peuple actuel et de mes ancêtres par le biais du masque en bois et de récits dans la langue de la terre. Mon travail d’artiste mi’kmaw représente la tradition des Mi’kmaq. Il permet de perpétuer les valeurs traditionnelles, les cérémonies nouvelles et anciennes, les récits oraux et de rassembler les gens afin d’échanger l’histoire de leur vie.
Project Description
Récemment, j’ai reçu une bourse du Conseil des arts du Canada afin de récolter un noyer cendré que Ned Bear avait reçu en cadeau ; à son décès, j’ai rencontré la personne qui l’avait planté et offert à Ned : elle me l’a transmis et nous l’avons abattu lors d’une cérémonie cet été. Le bois sera conservé dans mon atelier pour être prêt à être sculpté une fois que j’aurais étudié et créé des visuels. Je souhaite sculpter sept masques représentant le langage visuel traditionnel de sept gardiens du savoir. L’étape finale de ma démarche sera de rencontrer des gardiens des savoirs comme Cecilia Brooks, gardienne de savoirs médicinaux et des plantes, George Paul et Tully Paul, gardiens de savoirs cérémoniels, Mickey Kryszko, chasseur et guerrier, Jerome Steven, vannier, Nancy Oakley, maître céramiste, Tara Francis et Melissa Peter Paul, brodeuses de piquants de porc-épic ou encore Natasha Martin-Mitchell et Stephanie LaBillois, maroquinières et tailleuses-couturières.
Je souhaite élargir mes connaissance de la langue de la terre afin de les transmettre à travers mes masques et mes tatouages. Je souhaite en faire part à ma communauté et plus généralement, au monde de l’art à travers des expositions dans des musées et des visites dans les collectivités Wabanaki. Ce projet m’appelle depuis plusieurs années. Prochaine étape de mon évolution d’artiste, il contribuera à donner un second souffle à l’art du tatouage et aux cérémonies de masse. Les masques ne sont pas des objets inertes ; ils me parlent tout en donnant accès à des savoirs qui dépassent nos expériences du quotidien. J’ai besoin de créer et d’échanger avec ma communauté, mais aussi d’exprimer les traditions qui m’ont été transmises par le biais de cérémonies. C’est pour cette raison que je me livre à des jeûnes et des séances de sudation.
Le noyer cendré qui m’a été offert me servira à sculpter un grand masque au musée Beaverbrook pour exprimer ce que Ned Bear, maître sculpteur de masques en bois, m’a enseigné. De mon point de vue autochtone, ce masque parlera de la médecine des masques qui m’a été transmise et que j’ai l’honneur et l’obligation de partager avec tous les peuples de la terre. Le masque m’accompagnera ensuite au salon de l’association Craft Alliance Atlantic Association à Londres (Royaume-Uni).